Covid-19 – Journée de commémoration nationale au Québec
La majorité des victimes étaient des personnes très vulnérables et sans défense, rappelle le RPCU
Montréal, le 11 mars 2021 – Cette journée du 11 mars 2021 est consacrée à une commémoration nationale pour marquer le premier anniversaire du début de la crise sanitaire de la Covid-19 qui a causé plus de 10 000 décès en une seule année au Québec, dont plus de la moitié des victimes étaient des personnes très vulnérables et sans défense, et dont nous devions pourtant prendre soin collectivement.
Il y a un an, à la même date, la maladie à coronavirus était alors officiellement considérée comme une pandémie mondiale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et, deux jours plus tard, soit le 13 mars, le gouvernement décrétait l’état d’urgence sanitaire sur tout le territoire québécois.
Une mort indigne pour les personnes les plus vulnérables
Il faudra se souvenir que la majorité des victimes étaient des usagers très vulnérables, en grande perte d’autonomie. Ce sont des milliers de personnes qui sont mortes seules, sans le soutien de leurs proches, dont plusieurs ont été abandonnées dans des conditions parfois inhumaines, indignes, épouvantables, ici même au Québec.
« Cette journée nous donne l’occasion de nous souvenir, naturellement, des usagers décédés. C’est aussi pour nous une opportunité additionnelle d’exprimer notre solidarité pour les milliers de personnes endeuillées qui n’ont pu être présentes auprès de leurs proches au moment ultime. Il faut réfléchir collectivement sur cette tragédie qui a eu lieu, entre autres, dans les CHSLD » soutient M. Marc Rochefort, directeur général par intérim du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) qui représente la majorité des comités des usagers et de résidents du réseau de la santé et des services sociaux du Québec.
« Si on a privilégié une approche de santé publique pour l’ensemble de la population en temps de pandémie au départ, il faut rappeler que les personnes vulnérables font partie de la population, sans quoi ce sont des laissés-pour-compte. L’avait-t-on oublié? » demande M. Rochefort.
Un manque de prévision déplorable
Le RPCU déplore le manque de vision dont ont fait preuve les autorités et la Direction de la santé publique en ce qui concerne les CHSLD au tout début de la crise. « De façon courante, on met en quarantaine des centres d’hébergement pour des maladies contagieuses telles que la gastro-entérite en raison de la grande vulnérabilité des résidents qui y vivent alors qu’on ne prévoit pas de mesures équivalentes lorsqu’il s’agit d’un virus dont on sait déjà qu’il est hautement transmissible, dangereux et possiblement mortel. C’est sans compter la peur de contracter et transmettre ce virus possiblement fatal à leurs proches vécue par le personnel en place » déplore M. Rochefort. « Nous vivons tous et toutes aujourd’hui avec le triste résultat de ce manque de vision ».
Les conséquences du désengagement de l’État
Cette situation est la malheureuse conséquence des décisions des gouvernements qui se sont succédés les uns aux autres. Le manque criant de personnel, la surcharge de travail des préposés aux bénéficiaires, le déficit de ressources étaient pourtant des faits bien connus des autorités et décriés par de nombreux acteurs de la société civile, dont les syndicats, les organisations à la défense des droits des usagers et des droits des personnes aînées, incluant le RPCU, les proches aidants eux-mêmes et les médias.
« Lorsqu’au Québec on fait appel d’urgence à l’Armée canadienne, puis au recrutement et à l’embauche de près de 10 000 nouveaux préposés aux bénéficiaires en leur donnant une formation en accéléré, cela témoigne d’un déficit de ressources bien antérieur à la pandémie de la Covid-19. Il aura fallu cette tragédie et tous ces décès pour que les autorités sortent de leur déni, agissent, et prennent en considération les usagers les plus vulnérables du réseau de la santé et des services sociaux » déplore Mme Marielle Philibert, première vice-présidente du RPCU et présidente du Comité des usagers du CHU de Québec–Université Laval.
Hommage au personnel du réseau
La situation a entraîné un délestage du personnel du réseau, ce qui a eu pour effet de retarder de nombreuses interventions régulières prévues au calendrier pour les personnes souffrant de divers problèmes de santé, avec plus ou moins d’égard à la gravité des problèmes. Malgré les risques de contagion, malgré le fait qu’il y eu contamination dans leurs rangs, les gestionnaires, le personnel et les bénévoles du réseau ont su maintenir le cap dans des conditions très difficiles.
Le RPCU rend hommage aujourd’hui à ces combattant.e.s. Il comprend que la suite des choses sera encore difficile pour un certain nombre d’années en vue de faire le rattrapage nécessaire, et ce, par un personnel dédié, déjà à bout de souffle et éprouvé. « Les ressources nécessaires devront être offertes au personnel du réseau pour que celui-ci puisse continuer, comme auparavant, à travailler et à dispenser des soins et des services de qualité » souhaite M. Pierre Hamel, président du Regroupement.
Hommage aux membres des comités des usagers et de résidents
Dès les premières heures, le RPCU a apporté un soutien quotidien à ses membres en y consacrant la majorité de ses ressources. Plusieurs collaborateurs issus de ses principaux partenaires sont venus prêter main-forte. Des rencontres régulières ont été organisées avec les comités en regard de leur situation concrète dans leurs milieux de proximité. Malgré, entre autres, l’impossibilité d’accéder à leurs locaux dans les installations et les établissements ainsi que les difficultés d’opération, de nombreux comités des usagers et de résidents ont quand même trouvé les moyens d’accomplir leur mission en faisant preuve de créativité.
« Nous félicitons nos bénévoles pour leur volonté à honorer leur engagement pour le mieux-être des personnes les plus vulnérables. Cette volonté de continuer à défendre, coûte que coûte, les droits des usagers et résidents, et à améliorer la qualité des soins et des services dans leur milieu, et ce, dans le contexte très difficile de la pandémie de la Covid-19, est une démonstration sans équivoque que la population québécoise est partie prenante de son système public de santé et de services sociaux dans la défense des personnes les plus vulnérables. L’engagement soutenu et quotidien des membres des comités des usagers et de résidents partout au Québec en témoigne, y compris en temps de pandémie » conclut M. Hamel.
À propos du RPCU
Fondé en 2004, le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) du réseau de la santé et des services sociaux regroupe la quasi-totalité des comités des usagers et de résidents du Québec, soit plus de 500 comités issus de l’ensemble des missions cliniques du réseau. Il offre aux membres des comités un soutien quotidien et des formations en vue de mieux exercer leurs fonctions prévues par la loi.